Né à Eupen en 1965, Romain Van Wissen vit et travaille à Membach, un petit village au pied du Hertogenwald.
« Au si loin que je m’en souvienne, j’ai toujours dessiné.
Mon entourage n’était pourtant pas vraiment focalisé sur l’art. Ma grand mère, par contre, était attentive et soutenante, elle m’encourageait à poursuivre le dessin.
Je me rappelle d’ailleurs d’un tableau dans son salon, un paysage, que j’admirais beaucoup, une maison au bord d’un lac. Je m’en souviens très précisément, il m’évoquait des contrées lointaines. Elle m’a révélé par la suite, qu’elle l’avait acquis au marché hebdomadaire et qu’ils en vendaient, dans le même genre, à tour de bras. Produit à la chaine, sans doute,… première désillusion.
Quand j’avais 12 ou 13 ans j’ai participé à un atelier de peinture à l’huile lors d’une après midi chez les scouts. Cette initiation était comme une révélation, un éléments déclenchant, qui a éveillé ma curiosité et qui m’a donné envie de peindre.
Cette envie est pourtant restée très longtemps en veilleuse,…très lentement elle est devenue une intention, mais toujours pas d'action,… seconde désillusion.
J’avais 21 ans quand je me suis enfin décidé à m’inscrire en peinture, à l’Académie des Beaux Arts de Verviers en cours du soir. C’était après mes études d’ergothérapeute et pendant mon service civil.
Cinq années en peinture, plus une pour le prix de Verviers, suivies de cinq années en gravure.
Créer une image est une aventure!
Reproduire, inventer, imaginer, expérimenter etc…
Maitriser ou pas, se laisser guider ou pas, les couleurs vives ou pas… beaucoup de questions sont dans la balance et restent sans réponses précise.
Troisième désillusion?
Pas du tout, au contraire, c’est très bien ainsi!
Les certitudes ne font pas bon ménage avec la créativité. Je préfère le doute, il m’est nécessaire pour progresser, mais il m’a fallu l’apprivoiser. Il arrive généralement par surprise et me conseille sournoisement de tout effacer. C’est le moment de tout lâcher, d’observer et de réfléchir. Est ce vraiment mauvais ou juste insolite?
Progressivement, au fil des années de travail pictural, le désir de fusionner différents univers, opposés par définition, a émergé comme démarche. Provoquer la rencontre entre figuration et abstraction ou plus précisément, entre identifiable et non identifiable est devenu mon challenge.
L’espace pictural est pour moi, un terrain de jeu. Il obéit à ma propre logique, qui n’est pas toujours en accord avec la réalité. Tout devient possible si on le rend plausible, même si cette petite incertitude, qui titille l’esprit, persiste.
Les combinaisons d’images importées de tous azimuts, produisent une sorte de magie en interagissant entre elles. Leurs apparentes oppositions boostent les sens et suscitent de multiples interprétations.
Petit à petit, on s’enfonce dans l’univers de la toile en empruntant sans cesse d’autres portes.
Les perplexités s’estompent peu à peu au bénéfice des illusions. »
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